Haïti traverse aujourd’hui l’une des crises humanitaires les plus sévères de son histoire contemporaine. Les rapports publiés cette semaine par plusieurs organisations internationales, dont Human Rights Watch et les Nations Unies, dressent un tableau sombre : des millions de personnes sont en insécurité alimentaire, des centaines de milliers d’enfants sont privés d’école, et les services de santé sont quasiment paralysés
Selon les données compilées, seuls 20 % des établissements de santé fonctionnent encore, et beaucoup ne disposent ni de médicaments ni de personnel suffisant. Près de 40 % des travailleurs de santé qualifiés ont quitté le pays au cours des deux dernières années, fuyant l’insécurité et la précarité. Cette hémorragie de compétences fragilise davantage un système déjà en crise, laissant les populations les plus pauvres sans accès aux soins de base.
Sur le plan éducatif, la situation est tout aussi alarmante. En raison de l’insécurité et des violences, près de 1 000 écoles ont fermé leurs portes depuis le début de l’année, selon les estimations du ministère de l’Éducation et de l’UNICEF. Pour des milliers d’enfants, l’avenir s’assombrit, car l’éducation — déjà fragile — s’éloigne de plus en plus de leur quotidien. Dans plusieurs zones contrôlées par des gangs, les familles hésitent à envoyer leurs enfants à l’école par crainte d’enlèvements ou de fusillades.
La crise alimentaire, elle, prend des proportions dramatiques. L’Artibonite, grenier agricole du pays, est paralysé par les attaques de bandes armées qui empêchent la production et le transport des denrées. Les prix des produits de base explosent, et l’accès à une alimentation régulière devient un luxe pour la majorité de la population. Des milliers d’enfants souffrent déjà de malnutrition aiguë, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Face à cette catastrophe, la communauté internationale appelle à un plan d’urgence humanitaire coordonné, mais l’appel de fonds des Nations Unies pour Haïti reste couvert à moins de 20 %. Les ONG sur place multiplient les alertes, mais sans une sécurisation du territoire, toute aide reste difficilement acheminée.
Cette crise illustre la dimension sociale de l’effondrement haïtien : au-delà des affrontements armés, c’est l’accès à la santé, à l’éducation et à la nourriture qui s’effondre, menaçant l’avenir d’une génération entière.